Eau/Environnement Douala : 70% des populations n’ont pas accès à l’eau potable

Publié le par Association camerounaise de cyberpresse

        «70% des populations de Douala n’ont pas accès à l’eau potable. Elles se rabattent aux puits et aux forages qui ne respectent pas les normes élémentaires de creusage, notamment le périmètre de protection qui doit se situer à environ 20 mètres de toute activité humaine», s’accordent Mamert Florent Loe, directeur de l’urbanisme, de la construction et de l’environnement à la Communauté urbaine de Douala (Cud) et François Eboumbou, conseiller stratégie à la Camerounaise des eaux (Cde). Cela est dû au retard que le Cameroun a accusé dans l’investissement et la vétusté des équipements. On peut citer entre autres, les derniers travaux d’extension du réseau de distribution d’eau qui date de 1988, et le château d’eau de Koumassi qui date de 1936.  Conséquence la Cde qui a repris les volets production, transport, distribution et la commercialisation de l’eau potable dans un contrat d’affermage a pour l’année 2008, desservi 106 localités, soit le tiers des villes du Cameroun, pour un total de 260 000 abonnés.  La Cde a ainsi hérité de la défunte Société nationale des eaux du Cameroun (Snec), des infrastructures de production et de distribution détériorées datant de 1935. D’où la volonté de remettre progressivement à niveau pour les inexistantes et de renforcer l’existant pour étendre la capacité de distribution et du réseau de distribution. Conséquence, la Cde ambitionne de porter à 800 000, le nombre de ses clients en fin 2010.

                                    

Ce déficit d’accès à l’eau potable a entraîné les populations à un approvisionnement archaïque, douteux et une forte activité génératrice de revenus au tour de l’eau supposée potable. Mais les experts estiment qu’elle est de plus en plus incontrôlée et très dangereuse. La délégation régionale de la Santé du Littoral dit avoir recensé en 2008, 70 000 puits à Douala à usage familial, voire communautaire. «Les tests effectués à l’institut pasteur sur la quasi-totalité des eaux vendues en sachets a révélé que ces eaux sont impropres à la consommation», affirme Dr Richard Esso, de la délégation régionale du ministère de la Santé. Car les sources d’approvisionnement restent douteuses. Les puits sont construits à côté des latrines et eaux vannes (issues des matières fécales et des tombes). Pis encore, ces eaux sont consommées sans avoir subi un traitement approprié. «C’est dire combien l’eau c’est la vie, mais également la mort, si on ne sait pas bien la gérer, car un certain nombre de comportements transforme l’eau en un danger», souligne Mamert F. Loe.

Zone épidémiologique

Dans ce cas, la Cde n’est pas aussi épargnée. Elle se plaint de : – la position de la décharge du génie militaire de Douala de la société Hysacam qui est située au bassin versant des stations de captages de Massoumbo et Japoma — de la construction du barrage de Lagdo qui a annulé la nappe d’eau d’approvisionnement, ce qui rend difficile le captage et le traitement de l’eau dans cette région — la ville de Yaoundé pour sa part ne dispose pas de station de traitement d’eau. Au-delà de la consommation, l’eau est aussi très dangereuse pour l’environnement. D’autant plus que son action peut rendre le sol instable, entraînant l’érosion, et par ricochet des éboulements. D’ailleurs, un contrôle de la nappe phréatique de la ville de Douala, effectué par  l’Agence internationale d’énergie atomique (Aiea) a déterminé que le sol de la zone Kotto est pestique (trait à une infection de la peste), par conséquence déconseillée au creusage de puits et forage, confie Dr Richard Esso. Avant de conclure que Douala est une zone épidémiologique. Elle est exposée aux maladies causées par l’eau : choléra, conjonctivite, méningite, maladies diarrhéiques…

En organisant le dîner-débat sur le thème de : «Eau et environnement», le Lions club Douala Saphir avait pour objectif de «sensibiliser les populations sur les missions respectives des organismes et entreprises en charge de l’eau et de l’environnement», affirme Mme Crescence Nganti, la présidente. Les panélistes suscités auxquels il faut ajouter : Nouanjou Simon, de la Sabc et Pierre Joël Kamga de la Cde, sous la modération de Barbara Etoa ont également dans l’ensemble, fait un état des lieux des institutions respectives chargées en approvisionnement en eau; évalué les risques de la détérioration de la qualité à court et à moyen terme et de la problématique de la gestion des eaux usées.

mis en ligne: NGATSI  PATRICK NZOZANG

Publié dans SOCIETE

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