Tunisie : Les enjeux d'un scrutin

Publié le par Association camerounaise de cyberpresse

L'élection présidentielle de dimanche prochain permettra moins de connaître le nom du nouveau chef de l'Etat que de jeter les bases de la succession en 2014.

Les échanges auront parfois été passionnés avant-hier au siège de l'Observatoire national des élections (Onel) de Tunisie, entre le président de cette institution, Me Abdelwahab El Behi, qu'entouraient de nombreux membres de son équipe, et les représentants des médias internationaux qui ont fait le déplacement pour la couverture du double scrutin législatif et présidentiel du 25 octobre prochain. Tout y est passé. De la crédibilité même du scrutin, aux questions de répartition des temps d'antenne pour les différents candidats dans les médias de service public, en passant par le rôle des observateurs internationaux, tous pour la plupart invités par l'Onel tunisien, la non informatisation du fichier électoral et les conséquences qui peuvent en découler. Des questions auxquelles l'hôte tunisien s'est employé à apporter des éclairages, en précisant notamment qu'en plus des observateurs invités par l'Onel et qui viennent d'une douzaine de pays, certains autres assisteront au scrutin à l'invitation des partis politiques, et même des organisations de la société civile.

Mais il faut dire, et comme le relèvent de nombreuses personnes ici que l'enjeu du scrutin présidentiel de dimanche prochain n'est pas tant de savoir qui va l'emporter parmi les quatre candidats en lice, tant la victoire du président sortant Ben Ali ne souffre l'ombre d'aucun doute, mais de savoir quel score il réalisera, après les 99,27% de 1989, les 99,91% de 1994, les 99,45% de 1999 à l'issue de la première élection présidentielle pluraliste de l'histoire du pays, ou encore les 94,49% de 2004. L'autre interrogation ici concerne l'attitude du locataire du palais de Carthage (nom de la présidence de la République ici), au terme de ce qui apparaît comme son dernier mandat à la tête de son pays. La constitution tunisienne en son article 40, modifiée par la loi du 1er juin 2002 indiquant notamment que " … le candidat (à l'élection présidentielle ndlr) doit être, le jour de dépôt de sa candidature, âgé de quarante ans au moins et de soixante quinze ans au plus … " Une loi qui avait notamment été modifiée pour permettre à l'actuel chef de l'Etat de faire acte de candidature. Aux de ce qui va être dès dimanche prochain son cinquième mandat à la tête de son pays, le président Zine El Abidine Ben Ali aura 78 ans.

Succession
Si à l'imposant immeuble siège de son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd) à l'avenue Mohammed V à Tunis, l'on n'accepte pas de s'exprimer ouvertement sur la question du respect par le chef de l'Etat des dispositions constitutionnelles, l'on indique néanmoins que Ben Ali, par ailleurs président national du Rcd, a " l'intention de donner une image moderne de son pays. " Comme pour rappeler qu'il n'a pas l'intention de quitter le pouvoir comme son prédécesseur Habib Bourguiba, qu'il avait remplacé en 1987 à l'issue de ce qui avait été présenté comme un coup d'Etat constitutionnel sans la moindre effusion de sang. Au rang des arguments avancés par les partisans du candidat du parti au pouvoir, c'est que la Tunisie, contrairement à la plupart des Etats du Maghreb et même de l'Afrique, est sans doute l'un de ceux où l'on n'envisage une " succession dynastique " à la tête de l'Etat.

L'unique fils du chef de l'Etat, qui a aussi cinq filles, aura à peine 10 ans en 2014…
L'autre enjeu de dimanche prochain sera le comportement de l'opposition tunisienne au niveau des législatives. Ici, des dispositions légales leur garantissent un minimum de 20% des 189 sièges de la Chambre des députés. Lors de la dernière consultation de 2004, elle s'en était tirée avec 19 sièges. Pas vraiment de quoi inquiéter la forte majorité détenue par le Rcd. Il faut par ailleurs rappeler que pour les Tunisiens de l'étranger, l'élection présidentielle a commencé le 17 octobre dernier, alors que c'est lundi matin que le Conseil constitutionnel entrera en jeu pour la proclamation des résultats.
mis en ligne:NGATSI PATRICK NZOZANG

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