Tronçon Ngaoundéré-Ndjamena: Le Gps divise les transporteurs, les transitaires et la douane

Publié le par Association camerounaise de cyberpresse

                                             

Il n’y a pas de Gps disponible sur la plate forme ferroviaire de Ngaoundéré (Pfv). Sur les 1.000 camions en activité sur le corridor Ngaoundéré – Ndjamena, seulement 150 sont susceptibles de se voir poser  l’appareil électronique. Et selon les textes régissant le transport des gros porteurs, aucun embarquement n’est possible sans ce dispositif moderne. Par conséquent, les 850 autres camions sont inévitablement contraints au stationnement. Cette longue attente peut s’étendre sur des semaines voire des mois, le temps qu’il faut à la douane de Ngaoundéré pour rentrer en possession des Gps en circulation. « Lorsque nous posons les Gps sur les cargaisons, il faut attendre qu’elles arrivent à destination. Les bus chargés de renvoyer ces Gps de la frontière avec le Tchad jusqu’à Ngaoundéré accusent parfois du retard. C’est cette rotation qui  nous prend finalement beaucoup de temps« , a confessé le chef secteur des douanes (Csd) pour l’Adamaoua.

Et pourtant, le système de localisation décidé par le gouvernement camerounais et récemment mis en application par le Minfi visait trois objectifs principaux: la réduction des délais de livraison, le rabais des coûts et la sécurisation des espèces. Paradoxalement, c’est tout le contraire à la Pfv de Ngaoundéré, dont le trafic se trouve aujourd’hui paralysé du fait de l’engorgement extrême des gros-porteurs dû en partie au manque criard des Gps. Le phénomène qui a provoqué la grogne des transporteurs et autres transitaires a aussi secoué le gouverneur de la région de l’Adamaoua. Enow Abrams Egbe a dû convoquer en catimini les concernés pour leur signifier l’urgence d’une réunion de crise.

Le 28 octobre dernier donc, une brochette de responsables du Bureau de gestion de fret terrestre camerounais (Bgft), du Bureau national de fret (Bnf), ceux de la douane camerounaise et les  syndicats des transporteurs n’ont pas fait dans la langue de bois. Comme le souligne Saidou Saleh, délégué régional des Transports (Drt/Ad), il s’est agit de « comprendre le fonctionnement du Gps et  envisager des solutions ». Les autorités administratives espèrent que les pourparlers mettent fin aux tracasseries dénoncées çà et là. A propos, le coordonateur tchadien du corridor Douala-Ndjamena reste formel: « Il ne faut pas contourner mais plutôt recentrer les débats. La disponibilité problématique du Gps et l’incompétence des promoteurs sont les vrais problèmes », a soutenu Moustapha Nourou. Pour lui, l’appareil électronique dit de « localisation des marchandises est un système tracassier ».

2. Corruption, arnaque, tribalisme…

« Le véhicule bien chargé peut passer 2 semaines à attendre le Gps. Quand on va à la douane, on  nous demande d’aller à la Saga. A la Saga on nous renvoit à la douane. Nous avons constaté qu’une corruption se cache derrière. Il y a des véhicules qui chargent aujourd’hui, les transporteurs donnent de l’argent pour avoir le Gps. Certains par contre qui ne leur donnent pas de l’argent sont stationnés sur place pendant des mois ». Révélation fracassante d’un transporteur au sortir des travaux (particulièrement tendus) de Ngaoundéré. A l’image de son témoignage, les syndicats des transporteurs ont rudement condamné l’escroquerie  dont ils sont l’objet. A les en croire, les douaniers usent du Gps pour les racketter.

Qui plus est,  les plaignants estiment qu’il faut jouir d’une certaine  affinité avec les agents de dédouanement pour se faire une place au soleil : « J’ai vu de mes propres yeux 80 camions garés à la Saga samedi dernier. Ceux des camionneurs qui sont arrivés après ont obtenu le Gps parce qu’ils avaient leurs frères là-bas. C’est comme ça  que ça se passe à la douane », assène un membre du Syndicat national des chauffeurs professionnels des transports du Cameroun (Syncprotcam).

Du côté des responsables de la douane soupçonnés  de cupidité, l’on se veut moins bavard. « L’adoption de tout système novateur ne se fait pas sans difficulté. Cela a toujours généré des problèmes (…) Le stock insuffisant de Gps sera augmenté dans un futur très proche pour palier la situation », a-t-on confié au Messager. Toujours est-il qu’en l’état actuel, la Pfv de Ngaoundéré est au bord de l’implosion. Le spectre aurait pu être évité si une étude préalable sur l’adoption de la faisabilité du système Gps avait été pensée. Et si rien n’est fait, certains observateurs prévoient d’autres conséquences incisives sur l’économie des pays de la sous-région Afrique centrale. En fait, « Ngaoundéré, pense Dalatou, c’est le deuxième grand port du Cameroun« . La ville carrefour  est jadis au centre des échanges économiques dans la zone Cemac.

mis en ligne: NGATSI PATRICK NZOZANG

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